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De prime abord, Laurie Joffrin-Henry donne l’impression de savoir ce qu’elle veut et de quoi elle parle. Élocution facile et discours structuré laissent poindre l’ingénieur des Ponts et Chaussées qu’elle est.

Avec un cursus universitaire brillant, suivi d’un parcours professionnel qui lui fait faire ses premières armes chez les grands noms du BTP (Vinci notamment), elle a l’assurance de quelqu’un qui a "mis les mains dans le cambouis" et dont les connaissances techniques sont adossées à une solide expérience de chantier. Au cours de quatorze années passées au sein de ces grosses structures, elle s’est familiarisée avec la problématique de dépollution des bâtis et des équipements (plomb, amiante et autres polluants) sous tous leurs aspects.

Elle confie "En fait le BTP, et tout particulièrement les métiers de la dépollution, représente pour moi la meilleure synthèse de tous les éléments constitutifs d’un business : relations humaines, stratégie, finance, évaluation des risques, planning, marketing, développement, innovation ; tout y est avec, en plus, une règlementation contraignante et évolutive qu’il faut très bien connaître. Et moi, ça me plaît !"

C’est donc en pleine connaissance de cause qu’elle décide, à 38 ans, mère de trois enfants, de sauter le pas et de créer en mars 2017 avec l’aide financière d’Hauts-de-Seine Initiative sa propre société, BleuBlancVert. Celle-ci propose des services de maîtrise d’œuvre et d’assistance à maîtrise d’ouvrage spécialisées dans la dépollution aux acteurs économiques confrontés à la présence d’amiante, de plomb ou autres polluants dans le bâti.

Trouver sa place dans un domaine occupé par quelques majors de l’ingénierie n’est pas simple. D’autant qu’un certain nombre de PME sont également actives sur le marché. Mais cela n’effraie pas Laurie, consciente de pouvoir apporter à ses clients des solutions "sur-mesure", expertes sur le plan technique, optimisant l’équation risques/coûts des opérations et respectueuse des hommes et de l’environnement. Ce qu’elle résume dans la promesse-client de BleuBlancVert, "Ensemble, sécurisons votre environnement". Un positionnement novateur et compréhensif qui lui a permis d’obtenir déjà ses deux premiers contrats.

La question d’être une femme dans un milieu professionnel qui reste très masculin mérite d’être posée. Laurie s’engage avec prudence : "Il n’y a pas de réponse simple. Mais il existe chez certains un machisme non-avoué avec lequel il faut savoir composer et qui demande que l’on fasse constamment ses preuves. Cependant, jouer à être un homme ne marche pas et le fait d’être une femme peut être un avantage dans des situations où les rapports de force seuls ne permettent plus d’avancer" Avec un petit sourire, elle concède finalement : "Cela m’a bien aidé d’être une femme !" Récusant tout féminisme, Laurie participe avec enthousiasme au concours "Créatrices d’Avenir", organisé par Initiative Ile-de-France et soutenu par Hauts-de-Seine Initiative.

"Créatrices d'Avenir" est fait pour encourager les femmes qui font le pari de l’entrepreneuriat et donner l’envie aux autres de se lancer. Fort de 60 000 € globales (30 000 € en numéraire et 30 000 € en accompagnement), il récompensera en décembre 2017 six femmes ayant créé ou repris une entreprise en Ile-de-France quel que soit le secteur d’activité. Même si elle ne vise pas nécessairement le Trophée de "La Créatrices d’Avenir 2017" promis à la grande gagnante, Laurie espère bien décrocher l’une des dotations d'accompagnement et surtout bénéficier de la visibilité que procure cet événement. Elle est dans la période cruciale du lancement de ses activités et tout éclairage médiatique est le bienvenu.

BleuBlancVert et sa dirigeante sont emblématiques d’une nouvelle génération de femmes entrepreneures, bien armées pour affronter les challenges de la création d’entreprise, suffisamment motivées pour surmonter les freins classiques à la féminisation des affaires et avec l’ambition nécessaire pour la mise en œuvre d’une stratégie de développement à long terme. Leurs efforts doivent d’être salués car le taux des femmes entrepreneurs est encore loin de la parité. Il n’atteint que 35% avec une sous-représentation très forte dans certains secteurs porteurs, innovants ou à connotation non-traditionnellement féminin. Des progrès sont donc encore à réaliser et c’est pourquoi le réseau Initiative Ile-de-France, qui a compris ce défi, contribue à le relever.